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religion

Publié le 10 Mai 2021 par Sallye

religion

comment exister par soi-même? lorsque l'on est en quête de sens constant, il me semble qu'il est bien difficile de n'être qu'un parmi d'autres. le sens confine à une direction, or comment suivre avec foi et appétit une direction, quand on sait qu'une chose peut être ici, ou là, matérialisée en fonction de notre regard?

la construction de l'ego est ce qui nous rapproche le plus d'un sens dans l'existence. son fondement, sa forme, ses couleurs et ses aspérités. l'art que je mets dans sa construction suffit à ce que je croie en sa valeur, et à la nécessité qu'il soit construit.

sa beauté, son unicité, son originalité, je veux qu'elle soit reconnue et appréciée. souvent par une seule personne. Comme un aventurier solitaire, j'imagine que cette personne a franchi la jungle sauvage, escaladé des rochers mystérieux, caressé l'espoir de réussir, subi les affres du doute et la peur de la défaite. cela en fait quelqu'un d'unique en son genre, parce que ce lieu qu'il a découvert, c'est chez moi, et chez personne d'autre.

mon lieu est-il spécial? ce mot est si béat, mais il m'importe tellement. je nais avec l'envie universelle de laisser ma trace dans ce monde. pour me donner un sens. mon lieu n'est assurément pas spécial. il y en a de plus grands, de plus beaux, de plus luxuriants, de plus intrigants. Mais personne n'aime laisser les lieux inhabités. ce n'est pas mon cas non plus. quand cela arrive, les matériaux se dégradent, le chaos reprend ses droits, les traits s'empâtent, tout ne sent que poussière et désolation. Pitié, que jamais je ne subisse la mort avant la mort. tous les lieux bâtis aspirent à être habités.

je nais avec ce besoin de sens. comment alors ne pas souffrir du pragmatisme, et du regard froid et connaisseur, qui compare à ses autres fouilles, de celui qui est entré là par hasard? voilà cinq minutes de fascination écoulées, et le voilà reparti à l'aventure.

voilà l'éloge de l'aventurier. celui là est curieux, qui a soif de découvertes. celui qui représente le regard de l'humain sur le monde vaste et dénué de sens, et qui lui donne un souffle, celui du voyage. comme le bâtisseur, mais différemment, son voyage n'est également qu'errance. d'un lieu à l'autre, il voit avec ses yeux, touche avec ses mains, ressent un instant l'excitation de la nouveauté, et repart ainsi de désir en désir, jusqu'à sa mort.

j'aurais aimé le garder au creux de mon temple. je l'aurais bercé d'histoires, émerveillé de chants uniques au monde, j'aurais peint les murs d'enceinte des mots inventés de nos deux prénoms réunis. j'aurais allumé le feu dans les flambeaux, pour faire savoir : ici on croit, et cela nous tient chaud. ceci nous l'avons bâti, ceci est faux. mais ceci est notre religion.

qu'y a-t-il de plus délicieux que la passion des guerres saintes? l'union illusoire contre l'oppresseur déclaré? la sensation d'être intimement alliés dans un fracas général où les coups ont tant de bannières mais si peu de sens? aux côtés de. contre. que de mots humains. avec, envers. que de besoin de signification, de chaleur, d'espoir.

connaître l'existence de ma passion ne m'a pas aidée à être heureuse. nuit et jour, ma passion m'entraîne, et j'ai besoin de virevolter, de créer mon temple, d'alimenter le feu. le rendre le plus chaud que possible, sculpter les frontons les plus impressionnants que ma connaissance du monde me permet de faire.

mais j'attends l'aventurier. qu'il se convertisse en fidèle. qu'il m'invite à son tour dans son temple, où mes petits pas timides feront résonner la pierre de la grandeur des lieux. je croirai sans limite, sans besoin de nulle preuve que la beauté intrinsèque des lieux, qui touchera mon coeur. nous réunirions nos églises, et nous partirions en croisade, l'épée haute, un lourd équipement sur le dos mais le coeur vaillant, défier ensemble le monde dénué de sens avec notre croyance ridicule.

et nous serions morts comme tout le monde au combat, mais néanmoins heureux d'avoir défendu ce que nous avions construit - un temple unique au monde, car c'était le nôtre.

 

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